Polaroïd
C'est un cliché
Posé à l'angle d'un vieux miroir.
Un Polaroïd aux couleurs
Ternies.
Un visage d'une femme, perdu dans le rectangle de papier.
Plutôt un portrait en pieds
Dans une posture un peu gauche.
Les bras croisés sur la poitrine
Dont elle ne sait quoi faire
Et qu'elle immobilise
De crainte qu'ils ne bougent.
Portrait perdu dans le jaune qui l'efface,
Qui se souvient d'elle,
Fixée dans sa jeunesse craintive
Et rayonnante ?
Qui est celui qui l'a figée à jamais,
Dans la posture de l'abandonnée ?
Tu me souris, jolie femme.
Dix-sept ans, j'imagine,
A peine plus.
Dix-sept ans, perdus dans le temps d'un rectangle abîmé.
Et je ne peux m'empêcher de penser
A ton corps flétri
Et peut-être
Pourrissant
Au fond d'une tombe.
Asnières sur Seine, juin 2023