Polaroïd

C'est un cliché

Posé à l'angle d'un vieux miroir.

Un Polaroïd aux couleurs

Ternies.

Un visage d'une femme, perdu dans le rectangle de papier.

Plutôt un portrait en pieds

Dans une posture un peu gauche.

Les bras croisés sur la poitrine

Dont elle ne sait quoi faire

Et qu'elle immobilise

De crainte qu'ils ne bougent.

Portrait perdu dans le jaune qui l'efface,

Qui se souvient d'elle,

Fixée dans sa jeunesse craintive

Et rayonnante ?

Qui est celui qui l'a figée à jamais,

Dans la posture de l'abandonnée ?

Tu me souris, jolie femme.

Dix-sept ans, j'imagine,

A peine plus.

Dix-sept ans, perdus dans le temps d'un rectangle abîmé.

Et je ne peux m'empêcher de penser

A ton corps flétri

Et peut-être

Pourrissant

Au fond d'une tombe.

Asnières sur Seine, juin 2023


© 2019 Pascal Deleu. Tous droits réservés.
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