Petit soldat


Petit soldat

Petit soldat

On t'a filé des fringues

Vert kaki

Marron aussi

Des godillots

De cuir

Noir.

On t'a demandé de courir

Tu as couru

On t'a dit de sauter

Tu as sauté

On t'a ordonné de ramper

Tu as rampé

On t'a filé un balai

Tu as balayé

Balayé

Balayé

Balayé

De ton arme chargée

Balayé

Tu as arrosé

Arrosé

Rechargé

Et arrosé

Tu as explosé

Des têtes,

Des corps,

Tu as effacé,

Parce qu'on te le demandait

Tu as rafalé

Le doigt crispé

Et quand ton arme s'est arrêtée de cracher

Ton doigt était toujours crispé

Tel un crochet

Et ton cœur criait d'arrêter

Arrêter ce doigt crispé

Arrêter de balayer

De viser

Arrêter d'arroser

Arrêter d'effacer

Arrêter la peur

Celle de tirer

Celle de tuer

Avant d'être tué

Sur ton front la sueur coulait

De tes yeux les larmes coulaient

De ton sexe ton urine coulait

Tu coulais, tu chiais

Ta peur, ta haine

De chaque pore de ta peau marbrée

De poussière et de sang

Tu te vidais et jamais ne s'arrêtait

De t'assécher

De te vider

Et ton cœur

Et tes tripes

Et tes yeux

Et ta langue

Et ton sexe

Et tes couilles

Et ton âme

Tout tombait de toi

Tout se détachait de toi

Et il ne reste rien de toi

Que ce corps desséché

Enfoui dans la poussière

Et la boue qui te recouvrait

Petit soldat

Il n'est rien resté de toi

Que cette peur que la terre a absorbée

Et en trophée cette belle médaille

Brillante et dorée

Qu'on ta filée.

03/03/2022

© 2019 Pascal Deleu. Tous droits réservés.
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