Un billet #16

Océane

J'ai laissé la mer m'offrir son horizon. Elle a ouvert les bras, a défait lentement le ruban coloré de bleu argenté et a libéré sa magnificence à mon regard. Pour jouer un peu de moi, elle a monté la lumière, forcé sur les blancs, de telle façon que l'éblouissement m'oblige à froncer les yeux pour que je puisse l'admirer de toute sa splendeur. Au loin, la ligne horizontale se fond avec l'immensité infinie et je ne sais pas où commence vraiment la ligne de partage entre la masse bleutée et le ciel. Mon champ de vision ne suffit pas à capturer l'ensemble de cet espace ouvert, arrêté, en tournant la tête à droite, par la corniche qui avance en défiant la mer. Celle-ci, joueuse, la cajole régulièrement de quelques vagues qui viennent exploser sur les rochers luisants sous le plein soleil de l'après-midi lequel, invité et, radieux, s'amuse de cette fête en l'honneur de cette mer généreuse. Il sourit. Et, dans son souhait de participer, quitte à en faire un peu trop, remercie de sa brillance la masse liquide qui le lui rend bien en gratifiant de reflets argentés les vagues qui naissent et disparaissent telles des enfants facétieux pour réapparaitre un peu plus loin, sur une nouvelle vague. De petites voiles blanches, incartades triangulaires plus ou moins visibles en raison de la distance ou de leur taille, s'amusent à grattouiller l'étendue infinie de leur glissade. La mer se moque bien de ces importuns et les laisse s'ébrouer sur la surface. Toute à sa démonstration, elle préfère me laisser admirer sa puissance sereine et me laisser deviner que l'étendue de sa force est contenue. Pour l'heure, c'est sa beauté pleine et entière qu'elle affiche ostensiblement. Un peu trop fière, elle semble oublier, ou alors feint-elle l'oubli, que tous les composants du paysage participent à sa sublimation. J'observe l'agencement de cet ensemble et m'aperçoit qu'il ne sert à rien de tenter d'en comprendre l'harmonie. Tout ne s'explique pas, tout n'a pas besoin de sens ou d'appeler la raison. Le présent m'est offert par les espaces devant moi, l'océan, le ciel, l'horizon fuyant au loin. Les éléments les plus proches me semblent immenses, la corniche rocheuse qui m'entoure et me rattache à la terre, les petits points blancs des minuscules bateaux, la plage en forme de croissant dans laquelle j'enfouis mes pieds pour y trouver une douce fraicheur. Alors, je me contente d'admirer, d'abandonner ma raison à l'émotion qui m'envahit. J'accepte la douceur de cette offrande et j'accueille la beauté de cette immensité magistrale.

© 2019 Pascal Deleu. Tous droits réservés.
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