Mineurs
Vous creusiez la terre,
Vous creusiez, vous creusiez.
Vous creusiez.
Qu'alliez-vous chercher dans cette frénésie,
Armés de votre volonté,
Et de quelques outils
Dérisoires,
Pour affronter l'enfer ?
Dans le bruit qui rend fou,
Dans la chaleur qu'un seul d'entre nous ne pourrait supporter
Dans l'humidité des galeries creusées de vos mains usées
Vous assailliez la roche sans jamais renoncer.
La pierre d'Hadès était votre Graal
Et vous payiez de vos vies d'avoir défié l'abysse.
La poussière rongeait vos corps, quand ce n'étaient les flammes.
Combien de condamnés à l'asphyxie, lentement, d'avoir respiré,
Ces paillettes qui vous mangeaient,
Et de suppliciés, déchiquetés, détruits au cœur des brasiers ?
Vous suiviez vos pères, comme avant eux leurs pères,
Volontaires ou sacrifiés à cette industrie avide
D'une force humaine à tirer vers l'abîme,
Vous preniez le chemin et avec le métier
Dont on ne s'extrait.
Je vous ai côtoyés sans pourtant comprendre,
J'aurais dû écouter,
Vous connaitre,
Je mesure, dans l'éloignement du temps qui nous sépare,
L'insouciance qui fut mienne,
De ne pas écrire vos récits ouvriers,
Vos épopées du fond et cette histoire en oubli
Qui fait votre grandeur.
Hommes vaillants au courage immense,
Héros anonymes qui défiaient la peur
De descendre sous terre affronter le chaos,
Je vous devais bien cet hommage de quelques mots.
Asnières sur Seine, le 12 mars 2023