Le dit court présidentiel
Un petit président parle dans la télé.
Tête droite, bien coiffé,
Il est entré sur la scène médiatique
Cinq, quatre, trois, deux, un, Parlez!
C'est à lui de jouer.
Alors, il parle.
L'air profond, l'œil aiguisé,
Il prend une voix grave et inspirée.
Ce qu'il parle bien, manipulateur du mot,
De l'emphase,
De la métaphore,
De la litote,
Il n'ose pas l'allitération
Encore moins la contrepèterie
Mais s'essaye toutefois au lyrisme,
Ce qui ne lui réussit pas vraiment.
Je l'écoute distraitement,
Mon oreille est ailleurs
Avant de comprendre que le bonhomme
Ne nous parle pas
Ne cherche même pas à convaincre.
Il se met en scène
Pour être son unique spectateur.
Le retour de son image dans son studio étatisé
Doit le convaincre qu'il est bon
Et dans un mouvement circulaire
Entre la source et le reflet
Il s'est enfermé dans le même instant,
A la fois acteur et spectateur, prisonnier de son reflet.
Le roi n'est plus nu.
Il est seul.
Asnières sur Seine, un soir d'allocution présidentielle