Le dit court présidentiel

Un petit président parle dans la télé.

Tête droite, bien coiffé,

Il est entré sur la scène médiatique

Cinq, quatre, trois, deux, un, Parlez!

C'est à lui de jouer.

Alors, il parle.

L'air profond, l'œil aiguisé,

Il prend une voix grave et inspirée.

Ce qu'il parle bien, manipulateur du mot,

De l'emphase,

De la métaphore,

De la litote,

Il n'ose pas l'allitération

Encore moins la contrepèterie

Mais s'essaye toutefois au lyrisme,

Ce qui ne lui réussit pas vraiment.


Je l'écoute distraitement,

Mon oreille est ailleurs

Avant de comprendre que le bonhomme

Ne nous parle pas

Ne cherche même pas à convaincre.

Il se met en scène

Pour être son unique spectateur.

Le retour de son image dans son studio étatisé

Doit le convaincre qu'il est bon

Et dans un mouvement circulaire

Entre la source et le reflet

Il s'est enfermé dans le même instant,

A la fois acteur et spectateur, prisonnier de son reflet.


Le roi n'est plus nu.

Il est seul.


Asnières sur Seine, un soir d'allocution présidentielle

© 2019 Pascal Deleu. Tous droits réservés.
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