Intersidéral
Le voyage intersidéral m'offre des possibilités fantasques, autorise le voyage du corps dans un monde sans horizon. Les dimensions ne comptent plus dans ce qui est sans limite, sans fin, sans commencement, sans direction. Les démons ont tenté de me couper la route sur mon chemin magique. Arrivé à leur hauteur, j'ai accéléré de quelques années lumières pour les traverser. Pulvérisés, ils se sont éteints dans des volutes de mille feux, pour finir, cristallisés dans des gerbes de sable inanimées. J'ai continué ma route, dépassé des étoiles, et chaque fois, de nouvelles apparaissaient, petits points lumineux aux dimensions phénoménales lorsque je m'en approchais. La distance se raccourcissant et pendant que la chaleur augmentait, je ne savais que faire car elles semblaient remplir mon champ de vision. Il suffisait alors de tourner la tête pour apercevoir d'autres étoiles, d'autres points qui clignotaient telles de petites créatures vivantes respirant. Je voyageais ainsi un long moment, une minute ou cinq siècles, car le temps se jouait de moi dans mon périple immense. Joueur, je changeais de position, passant sur le dos ou le flanc, afin d'expérimenter de nouvelles sensations de ce cheminement magnifique. Je vis bien quelques monstres aussi, qui semblaient hostiles et me jetaient des regards de feu, me disant reste au large ou m'attirant par des clins d'œil appuyés, mais craintif, je préférais ne pas tenter le pire en me tenant à distance d'au moins cinq millions d'années lumière. Des accélérations astrales se faisaient parfois sentir, manifestées par le fait que des corps célestes filaient tous dans la même direction. Il me fallait alors jouer d'habileté pour les éviter, étant donnée leur vitesse vertigineuse. Ils disparaissaient au loin, absorbés, bus, mangés par je ne sais quel trou noir qui ne semblait pas plus gros qu'une tête d'épingle. Je devais alors mettre un sacré coup de rein pour m'éloigner suffisamment et ne pas être avalé comme un vulgaire alevin par ce bouffeur de lumière. Je préférais continuer à explorer l'inconnu de cet univers avant de passer dans un autre et découvrir là encore, des sensations inattendues. Parfois, je m'endormais. Il me suffisait alors d'admettre que j'étais porté, emmené sans effort, par une force anonyme. Passé le cap de l'étonnement et de la confiance trouvée, le sommeil venait simplement, et permettait d'accéder à d'autres mondes, chimériques, ou les êtres et les habitants ne volaient pas la vedette à mon escapade étonnante.
A Samia, à Hendrix, aux Floyd...merci.